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DON DU SANG : C’EST PAS DONNÉ

Tout le monde ne peut pas être généreux envers l’Établissement Français du Sang (EFS). En effet, la législation française indique qu’une personne homosexuelle ne peut donner son sang uniquement si elle a respecté un an d’abstinence sexuelle. Grotesque. Fin juin dernier, un homme de 48 ans dépose un recours contre X devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) en raison de l’orientation sexuelle et atteinte au droit et au respect de la vie privée.

 

UN PARCOURS JUDICIAIRE

Il s’appelle Laurent Drelon. Il a aujourd’hui 48 ans, mais cela fait 11 ans qu’il s’est engagé dans une très longue procédure judiciaire, à l’aide de son avocat M. Spinosi et de son cabinet « qui tiennent beaucoup à l’affaire ». Première plainte en 2007, à la suite de plusieurs refus et d’une mention indélébile sur son dossier de donneur : FR08 qui l’empêche dans tous les coins du monde de faire un acte d’altruisme. Depuis 1983, les personnes homosexuelles ne pouvaient faire don de leur sang. Avant que cela ne change en 2016 lorsqu’ils obtiennent gain de cause au tribunal de grande instance de Paris illustrant un premier pas : « On a réussi à faire changer la loi, donnant la possibilité aux gays, bi, lesbiennes de pouvoir donner leur sang » nous confie-t-il. Cette première avancée, a été obtenue après maints procès : appel, cassation, question prioritaire de constitution… Mais cet arrêté du 5 avril 2016 pris suite aux procès n’est qu’à moitié juste : la condition d’un an abstinence sexuelle imposée par le gouvernement ne stigmatise pas moins que la précédente loi de 1983.

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HOMOSEXUELS : UN COMPORTEMENT SEXUEL INCERTAIN ?

Fin 2017, le Conseil d’État refuse de lever cette condition d’abstinence au motif qu’elle se base « non sur l’orientation sexuelle mais sur le comportement sexuel ». Ainsi, la plus haute juridiction administrative catégorise les personnes homosexuelles comme une population ayant systématiquement divers partenaires incertains, ainsi que des rapports mal voire pas protégés. On n’est pas très loin de la vision de Sodome et Gomorrhe. 

« Pour eux, être gay c’est une maladie. »

C’est néanmoins bien sur l’orientation sexuelle que le Conseil d’État se fonde : car conclure un procès sur un stéréotype datant de Mathusalem est une généralisation de cette population, des personnes homosexuelles ; et finalement de leur orientation sexuelle.

 

Orientation ou comportement sexuels ?

Voyons cependant ce litige sur comportement/orientation sexuelle plus en détails. Le ministère dans ses recommandations auprès du Conseil d’Etat définit un HSH comme homme ayant une relation sexuelle avec un autre homme. Il spécifie : « L’arrêté du 5 avril 2016 ne généralise pas le critère d’exclusion temporaire de 12 mois à l’ensemble des HSH candidats au don du sang ». En effet, la durée d’abstinence sexuelle concernant le don de plasma est fixée à 4 mois. « Cette filière place donc, concernant le plasma, les candidats HSH, les femmes d’orientation homosexuelle et les candidats hétérosexuels dans une réelle égalité au niveau des durées de contre-indication ». Cependant, il est précisé peu avant qu’il s’agit exclusivement d’« HSH mono-partenaires ». Cette appellation évoque donc le comportement sexuel du candidat concernant le don de plasma. Or, les HSH sont aussitôt assimilés aux femmes d’orientation homosexuelleIl est clair que la question du comportement et de l’orientation sexuels est particulièrement confuse. Comment est-il possible en effet qu’une sélection digne de ce nom demeure impartiale en incluant tantôt des candidates pour lesquelles nous nous basons sur leur orientation sexuelle, tantôt des candidats pour lesquels nous acceptons leur don selon leur nombre de partenaires ? Comment cette sélection peut-elle rester légitime si elle admet des candidats aux comportements sexuels risqués sans considérer la pluralité des partenaires (hétérosexuels et femmes homosexuelles) ?

 

Un nombre insuffisant d’homosexuels

La mise en quarantaine des dons d’homosexuels est à cet effet une des solutions envisagée par le gouvernement afin de prévenir les risques d’infection : « la sécurisation par seule quarantaine, du fait des délais importants qu’elle suppose, ne permet pas de garantir l’autosuffisance de la France en matière de produits sanguins ». Le nombre de dons concernés par cette disposition ne serait pas assez important pour que la mise en place d’une telle mesure impacte l’approvisionnement de la France : évidemment, qu’ils ne sont pas assez nombreux. D’autant plus lorsqu’ils cachent leur homosexualité lors de l’entretien pré-don.

« C’est pareil pour le don d’organes. Moi je ne peux pas sauver des vies avec mon corps. »

 

HOMOSEXUELS : TOUS DES DONNEURS À RISQUE ?

En pleine santé, mais stoppé par FR08

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Laurent Drelon

« Le nombre de personnes infectées par le VIH : selon les modélisations récentes, la prévalence de l’infection par le VIH serait de 3% chez les HSH au cours des 12 derniers mois, alors qu’elle s’élève à 0,24% pour l’ensemble de la population ». Un autre élément : « Le nombre de nouvelles infections : en 2008, elle est évaluée à 1% chez les HSH et à 0,017% dans la population générale ». Ce ne sont que des chiffres. De simples chiffres implacables, des statistiques qui plombent et qui, encore, généralisent. L’entretien pré-don effectivement ne traite pas du cas individuel : car notre homme n’est pas maladeSes médecins le disent, sa fiche de santé, et ses dernières analyses de sang. Il ne présente aucun virus : VIH, hépatites B ou C… De plus, il mène un mode de vie sain ; a fait du sport son métier (il est président de la Fédération française de fitness), a adopté un régime alimentaire végétarien depuis une trentaine d’années… Comme beaucoup d’autres gays, sa santé n’est pas plus préjudiciable que celle de personnes hétérosexuelles. Mais voilà, Laurent Drelon est fiché gay sous le code FR08 lui interdisant de don jusqu’en… 2078 ! D’ici là, on aura certainement trouvé une solution… Cependant, comment expliquer ce fichage, FR08, établi sans en faire part à Laurent ? En effet, il nous confie : « ce fichage a été fait à mon insu, c’est moi qui l’ai découvert plus tard quand j’ai voulu redonner du sang ». Chose extrêmement grave, dont Laurent tente d’en comprendre les raisons : « S’il venait à avoir un président homophobe comme au Brésil… Que vont-ils faire de ce fichage existant ? ».

Un questionnaire rempli de bonne foi…

Comment donc identifier les comportements à risque ? En réalité, une vérification plus poussée serait l’unique moyen de déterminer le risque de VIH chez chaque individu. Mais voici la recommandation du gouvernement : « En revanche, il n’était pas possible de prévoir un questionnaire et un entretien permettant une vérification plus ciblée (stabilité de la relation, caractère protégé des rapports sexuels en cause,…) que celle de la simple existence, pour un homme, de relations sexuelles avec un autre homme ». Tous les aspects évoqués ici caractérisent justement le comportement sexuel du candidat. Alors, comment croire encore que l’exclusion des homosexuels au don du sang se base « non sur l’orientation sexuelle mais sur le comportement sexuel » alors qu’il nous est avoué noir sur blanc que vérifier les agissements sexuels du candidat est strictement impossible ? Plus choquant plus loin encore, il est indiqué que « l’utilité du questionnaire repose en grande partie sur la bonne foi du déclarant ». La sélection des candidats au don du sang n’a jamais été d’ordre médical. Ce sont les candidats mêmes qui réalisent leur propre diagnostic, sans contrôles médicaux. Grotesque. 

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« La réalité c’est que je ne peux faire don de mes organes ou sang à personne… sauf à la poubelle. Et à côté on laisse mourir des milliers de gens par manque d’organe, de sang… »

Mais alors ? Cela signifie-t-il que n’importe qui peut mentir à propos de ses agissements sexuels à risques, au risque justement de contaminer le receveur ? Dans la recommandation du ministère, on a notamment anticipé la plaidoirie : « Si […] des questions plus poussées et individualisées sur les pratiques sexuelles des candidats, perçues comme intrusives [étaient intégrées au questionnaire] elles ne manqueraient pas de susciter au mieux une réaction d’auto-exclusion, au pire une fausse déclaration ». C’est cependant déjà le cas : certains candidats nient leur homosexualité lors de l’entretien pré-don, et renient ainsi leur orientation sexuelle, ce qui provoque déjà une réaction d’auto-exclusion.

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« Quant aux donneurs qui cachent leur homosexualité… eux peuvent donner leur sang… Comme les hétéros. C’est vraiment un des pires scandales de notre siècle »

 

UN AN D’ABSTINENCE SEXUELLE, UNIQUE CONDITION

Nous ne pouvons exclure cependant le fait que des personnes homosexuelles peuvent contracter un virus tel que le VIH (au même titre que les hétérosexuels, je le rappelle) : il est alors indétectable dès les premières semaines. Comment donc expliquer un délai de 12 mois d’abstinence sexuelle ? En effet, il existe une méthode biologique qui vise à poser un diagnostic grâce à l’utilisation du sérum (constituant du plasma sanguin) : la sérologie. Cet outil de dépistage du sida mais aussi des hépatites, nécessite un délai de 22 jours seulement pour déterminer la séropositivité de la personne concernée. Ce délai est aussi appelé fenêtre sérologique. Comment donc justifier un délai aussi long ? Sacrée mesure de sécurité dis donc, on ne prend pas de risque. Le résultat apparaît négatif durant la fenêtre sérologique puisqu’il est impossible de détecter le virus durant les 22 jours qui suivent l’infection. C’est pourquoi le gouvernement a la volonté de mettre en place un deuxième test biologique qui permettrait de détecter bien plus tôt l’infection, cependant les contraintes matérielles suivantes entravent cette bonne volonté : « un deuxième test biologique […] présente des difficultés d’application concrètes : stockage de poches prélevées […], deuxième déplacement du donneur ». Voici de très grandes contraintes : souci anodin de place et de mobilité. Voilà pourquoi l’instauration de ce deuxième test biologique est impossible d’application. Autant affirmer qu’il y a clairement un manque de volonté.

« C’est une réelle injustice, mondiale en fait… Comme si nous étions des sous-hommes ou sous-femmes. »

La décision que devra prendre la CEDH concernera beaucoup plus de personnes que l’on ne pense : homosexuels français, mais aussi de nombreux patients qui bénéficieront de ces nouveaux dons. De plus, ce recours est d’autant plus crucial qu’il soulève une injustice qui concerne une multitude de pays : « Je ne pensais pas que ce dossier aurait un tel écho ». En effet, Laurent Drelon nous apprend que d’autres pays hors UE l’ont contacté ; Canada, Brésil… Car au-delà de sa plainte, de nombreux autres avocats attendent la réponse de la CEDH. Une bataille judiciaire dont l’enjeu nous fait beaucoup penser au duel Monsanto-Dewayne Johnson en vérité. La décision de la CEDH « va être suivie, attendue ». « Ça va faire jurisprudence dans les autres pays ». Laurent Drelon parle au futur ; car ce recours qui remet en questions les droits de l’Homme en France pourrait offrir une nouvelle voie pour les jeunes d’aujourd’hui sur d’autres injustices.

« Il y a des combats à mener pour les futures générations »

Le don du sang ouvert à toutes les orientations sexuelles ? On dit oui ferme !

Article rédigé par Marina BONY

SERVICE NATIONAL UNIVERSEL : TOUS CONCERNÉS

Rédigé par Gabriellex

Chaque année en France environ 780 000 lycéens se font recenser et participent à une JDC (Journée de Défense et de Citoyenneté) dans un centre du service national à proximité de chez eux. Seulement, ce chiffre est théorique car il est possible de ne pas se rendre à sa JDC. Le certificat de participation qu’on y reçoit est obligatoire pour passer un examen public (baccalauréat, CAP, permis de conduire, etc), mais 4% des jeunes n’y assistent quand même pas. Le taux d’absentéisme est variable selon les régions, il dépasse les 12% (!) en région parisienne. Et selon un rapport de la Cour des Comptes datant de 2016, l’absentéisme n’est pas le seul problème de l’actuelle JDC. Par conséquent, fidèlement aux projets de campagne d’Emmanuel Macron, la JDC va être remplacée par le SNU (Service National Universel). Le projet a été rendu public lors d’un Conseil des ministres en juin 2018. Plusieurs consultations publiques ont eu lieu en septembre et octobre, en ce moment un groupe de travail composé de sept membres est chargé de réfléchir à la mise place du SNU. Une première génération de lycéens devrait expérimenter ce nouveau dispositif en juin 2019 (« quelques centaines, voire milliers de jeunes » participant sur la base du volontariat). Gabriel Attal, secrétaire d’Etat chargé de la mise en place du SNU, déclare que le gouvernement « veillera à ce qu’ils [les volontaires] soient représentatifs de la jeunesse française ». Seriez-vous volontaire pour participer à cette expérience ? Lisez l’article du Camillien pour le savoir !

ALORS LE SNU, QU’EST-CE QUE C’EST ?

Pour l’instant le SNU est un projet, donc en évolution, dont une grande partie est encore floue. Cependant certains points sont déjà acquis : le SNU sera composé de trois parties. La première durera deux semaines et se déroulera obligatoirement en internat. Selon le dernier rapport du gouvernement, ce sera pour les jeunes « l’occasion de s’éloigner de leur cadre quotidien » et ainsi de brasser les populations de différentes régions et de différents milieux sociaux. La seconde partie durera aussi deux semaines, et sera dédiée à un engagement concret. L’internat n’y sera pas obligatoire. On sait déjà que quinze jours se dérouleront sur des temps scolaires, et les quinze autres pendant des vacances. Donc les lycéens devront planifier leurs projets personnels et scolaires en fonction de cette contrainte. Après le premier mois de service obligatoire, les jeunes de 16 à 25 ans pourront choisir de s’engager dans une troisième partie de trois mois au minimum, dans un domaine choisi (aide sociale, protection du territoire, protection de l’environnement, etc). Cette troisième phase pourra prendre des formes diversifiées, par exemple le Service civique sera sûrement intégré dans le dispositif du SNU. Pour encourager les jeunes à s’investir dans la vie du pays et à vivre leur citoyenneté, les participants à cette troisième partie devraient avoir des avantages. Gabriel Attal a récemment précisé que les acteurs du projet sont « en pleine réflexion pour valoriser cet engagement auprès de l’enseignement supérieur ». Donc peut-être que la troisième partie sera un moyen de se démarquer dans ses études… Pour le reste – c’est à dire le contenu précis, le choix des encadrants, le budget, les modalités d’hébergements, etc – le groupe de travail est en pleine réflexion. Des pistes ont déjà été rendues publiques, mais rien n’est officiellement décidé. L’objectif du gouvernement est de rendre le SNU progressivement universel, avec 50% de jeunes participant à ce dispositif en 2022, puis 100% de la tranche d’âge participant en 2026 au plus tard.

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EST-CE QU’ON EST EN TRAIN DE VOIR LE RETOUR DU SERVICE NATIONAL EN FRANCE ?

Non, le SNU ne sera pas un nouveau service militaire. La formation ne comportera pas uniquement des aspects militaires, loin de là (→ plus de détails dans « Les jeunes donnent leur avis »). Le gouvernement met en valeur « la culture de l’engagement » et la citoyenneté. L’objectif est de former les jeunes citoyens à la vie en collectivité, au contact d’autres jeunes venus de milieux sociaux très divers et de professionnels ou bénévoles agissant quotidiennement pour le bien commun. Selon le gouvernement, ce dispositif servira à mettre en valeur toutes formes d’engagement. Cependant, un des trois objectifs principaux du SNU sera de faire « prendre conscience à chaque génération des enjeux de la défense et de la sécurité nationale » (site officiel du gouvernement). Le groupe de travail réfléchissant aux modalités du SNU est dirigé par Daniel Ménaouine, général de corps d’armée, donc un militaire. Et sur le site officiel du gouvernement, à la page dédiée au SNU, on peut lire que « chaque jeune sera encouragé […] à poursuivre volontairement une période d’engagement d’une durée d’au moins trois mois ». Les domaines d’engagement sont variés… Mais seules les options « liées à la défense et la sécurité » sont détaillées. En bilan, on constate que le patriotisme et la Défense sont un axe important de ce projet, ce qui constitue un point commun de taille entre le nouveau SNU et l’ancien Service militaire. Mais les différents domaines d’engagement possibles différencient bien le SNU d’un Service militaire.

 

LES JEUNES DONNENT LEUR AVIS

Dès début 2018, lors de l’annonce du projet de créer le Service National Universel, les jeunes ont donné leurs avis de différentes manières. Les premières réactions ont été largement hostiles. Des syndicats étudiants (notamment l’UNEF) et des réseaux d’associations étudiantes (par exemple Animafac) se sont prononcés contre le caractère obligatoire de ce dispositif, dénonçant un projet « infantilisant », qui pourrait « braquer la jeunesse » en dénaturant le principe même d’engagement, qui est le volontariat. La volonté de développer la citoyenneté des jeunes a offusqué certains milieux étudiants, déjà très investis dans les syndicats et les associations pour défendre la justice sociale, l’écologie, et d’autres causes. Depuis ces réactions peu avenantes, le gouvernement a organisé en septembre et octobre 2018 des sessions de consultation de la jeunesse, dans lesquelles les membres du groupe de travail et d’autres personnalités politiques, comme Gabriel Attal, se sont déplacé pour rencontrer les jeunes et débattre avec eux des intérêts et modalités du futur SNU. Et en parallèle un sondage en ligne a permis à tous les jeunes qui le souhaitaient de donner leur avis sur le sujet. Il permettait notamment d’indiquer quels domaines de formation leur paraissaient les plus intéressants. Rendus publics la semaine dernière, les résultats de ce sondage sont plutôt encourageants pour le gouvernement : seulement 25% des jeunes interrogés se sont déclarés formellement opposés à ce projet. 34% des jeunes sont curieux de connaître son évolution, et 75% pensent qu’il y a au moins une part d’éléments bénéfiques dans le projet. Ce rapport nous apprend aussi que les formations les plus demandées sont les suivantes : premièrement apprendre à réagir intelligemment en cas d’attaque terroriste, deuxièmement apprendre à s’investir concrètement dans la cause écologique. Il est donc très probable que ces deux sujets tiennent chacun une place importante dans le SNU. 64% des votants ont également exprimé leur intérêt pour un bilan de santé complet lors de leur séjour dans un centre de formation.

Maintenant il est difficile de prédire la tournure que prendra le SNU, car de nombreux détails déterminants ne sont pas fixés. Au micro de RTL, Gabriel Attal a déclaré « Les jeunes auront envie de le faire ». Seuls l’avenir et les retours d’expériences nous diront si le secrétaire d’Etat avait vu juste, ou s’il était trop optimiste…

 

DANS LES PAS D’UN OUBLIÉ

Il ne connaissait pas la France avant de partir. Il ne savait pas où il allait, il ne savait pas ce qu’il allait y trouver. Il savait juste que s’il restait il mourrait, raison suffisante pour partir. Mais il ne pensait certainement pas marcher pendant un an, il ne pensait pas non plus que les pays européens se le renverraient comme une grenade dégoupillée, sauf qu’il n’avait pas d’explosif dans ses bagages : l’espoir y avait déjà pris toute la place. L’espoir c’est ce qui a poussé Safi, afghan de 23 ans, à avancer malgré la peur, la soif, l’incertitude. Sa seule certitude : ça ne peut pas être pire que « là-bas ».

En effet, depuis le coup d’État communiste de 1978, l’Afghanistan connaît des bouleversements politiques qui ont des répercussions sur la scène internationale comme le prouve la guerre d’Afghanistan de 2001 à 2014. Cette guerre menée par les États-Unis avec l’appui du Canada, de l’Angleterre et de la France s’inscrit dans la « guerre contre le terrorisme ». En effet, le pays suite au renversement du régime communiste en 1992, connaît une violente guerre civile. En 1994 les talibans viennent s’immiscer et ils prennent vite le contrôle sur le territoire. 2014 signe le retrait des troupes internationales mais pas la fin du conflit qui continue à ravager le pays. 2015 signe le départ de Safi. 

Carte Safi

Parcours de Safi d’Afghanistan jusqu’en France

Son périple c’est 8 pays traversés (l’Iran, la Turquie, la Bulgarie, la Serbie, la Hongrie, la Slovénie, et l’Italie) plus de 7000 kilomètres. Il les a traversés à la manière du jeu de l’oie : il est tombé sur beaucoup de cases qui le ramenaient à celles du départ. À ce jeu là, pour gagner il faut courir sur la frontière, se cacher, marcher de longues journées dans des épaisses forêts attendant que la pluie jonche le chemin de flaques salvatrices pour venir y boire, surtout évité d’être pris par la police, sinon retour en Turquie, hors de l’Europe. Il faut continuer, et se préparer aux prochains barbelés qui coupent les doigts, autant que les rêves. Mais une fois, Safi est malheureusement passé par la case prison en Slovénie, pendant 2 mois. Cependant il a toujours continué sa partie, essayant même de tricher en sautant des cases : il a embarqué de Turquie sur une barque pour rejoindre la Grèce. Mais la police grecque était là pour lui rappeler qu’il ne faut pas tricher, même quand sa survie en dépend.

Ce flux d’embarcations pneumatiques, chargées à en craquer de personnes mettant leurs avenirs au conditionnel parce qu’ils ne peuvent plus vivre à l’indicatif, continue encore aujourd’hui. Cependant, le dernier bateau humanitaire « L’Aquarius » affrété par S.O.S méditerranée, a vu son pavillon, « la plaque d’immatriculation » l’autorisant à naviguer, lui être retiré. Ainsi, il n’y a plus aucun navire en mer pour assurer le sauvetage des personnes tentants de rejoindre l’Europe. C’est pour cela que le samedi 6 octobre des « vagues oranges » (couleur du bateau humanitaire) se sont déversées sur la France avec entre 40 000 et 50 000 participants selon les organisateurs. De plus, une pétition circule pour sauver l’Aquarius et « sauver le sauvetage en mer ».MOTS

Le refus d’accueillir 58 migrants à Marseille en septembre dernier, l’ancien « délit de solidarité », la différenciation entre migrant économique et migrant politique, comme si la misère avait différents visages, l’hypocrisie de l’Europe, et encore plus de la France, devrait nous pousser à l’indignation. Nous indigner pour devenir un peu plus humain. Car c’est bien à ça que tout revient, laisser des gens mourir, que ce soit en pleine Méditerranée, derrières nos frontières, ou encore dans nos rues, c’est nier le droit inaliénable lié à la condition humaine : le droit à la vie. Il n’est pas ici question « d’accueillir toute la misère du monde » mais d’être simplement humain, parce que émigrer n’est jamais un choix. Safi ne l’a pas choisi, mais heureusement il est humain comme nous, alors on ne peut que se comprendre.

Pour aller plus loin : Les cerfs-volants de Kaboul de Khaled Hosseini, Les hirondelles de Kaboul de Yasmina Khadra, Libre de Michel Toesca.
Pour t’engager toi aussi : Buddy System Refugee, Mine de rien

Salomé REDEUILH

LA GHOUTA ORIENTALE : NOUVEAU MASSACRE SYRIEN

150 : c’est le nombre d’enfants morts 5 jours après la reprise des bombardements par Bachar el-Assad sur la Ghouta orientale, le 18 février. Ces 150 enfants viennent s’ajouter aux 17 400 autres morts depuis le début de la guerre en 2011.klm

Cette guerre, soufflée par les printemps arabes commence par être une guerre civile. En effet, en mars 2011, des manifestations populaires clament plus de démocratie et comme une vieille rengaine la seule réponse que Damas leur offre est la violence. Ainsi se forme deux camps : les pro- Assad et les révolutionnaires. Et dans ce chaos viennent s’immiscer les mouvements islamistes (Jabhat el-Nosra, Jaish el-Fatah et Daech), qui veulent eux aussi prendre le pouvoir. Finalement le dernier groupe de belligérants sont les Kurdes qui réclament leur indépendance.

Cependant, cette guerre ne se résume pas à un conflit civil et régional. De nombreux pays « participent » de près ou de loin à cette mise à mort sur fond d’intérêts politico-pétroliers. En effet, la Syrie est un passage stratégique pour l’acheminement du pétrole. Eklmn 2009, le Qatar allié des USA propose à Damas la construction d’un pipe-line qui traverserait la Syrie pour rejoindre l’Europe. Ainsi, les européens seraient moins dépendants du pétrole et du gaz russe, pour le grand plaisir de Washington. Cependant, à ce projet vient s’en opposer un autre : celui des iraniens favorisés par Moscou qui a réussi à convaincre Bachar el-Assad de ratifier ce projet. C’est pourquoi la Russie aidée des iraniens s’efforce de maintenir le dictateur syrien au pouvoir. Et que le Qatar arme Daech dans l’espoir que celui-ci détrône Assad. Quant aux armées des pays démocratiques, elles forment la coalition internationale qui n’a eu qu’un seul but depuis le début de la guerre : éradiquer l’État Islamique.

L’avenir de la Syrie s’est donc décidé sans elle, et elle en subit aujourd’hui les conséquences. Le 17 octobre 2017, la chute de Raqqa a signé la fin du califat imposé par l’État Islamique. Cet événement positif a calmé l’attention médiatique sur la Syrie.

Aujourd’hui, la bataille de la Ghouta orientale à 10 kilomètres de Damas fait rage et a déjà fait plus de 1000 civils morts. L’enclave jugée « rebelle » pour Damas et ses alliés est assiégée et pilonnée sans discontinuer. La population civile est obligée de vivre sous terre en attendant peut-être une aide humanitaire. Les hôpitaux sont visés, ces crimes de klmguerre s’ajoutent au massacre. Le 21 février dernier la France a appelé à une trêve pour pouvoir acheminer des convois humanitaires. Un convoi humanitaire a pu rejoindre l’enclave le 9 mars dernier. Cette bataille débutée depuis 5 ans mais de façon moins intense jusqu’à février dernier, rappelle le siège d’Alep, qui avait fait 21 500 morts et qui avait fini par une victoire de Damas. Alors, jusqu’où ira Bachar el-Assad dans sa stratégie absolutiste et criminelle pour retrouver l’entièreté de son territoire et éradiquer toute forme d’opposition à son régime de la terreur ?

Salomé Redeuilh

ÉTATS-UNIS : LA RIPOSTE DE TRUMP

Suite à une fusillade qui a fait 17 morts dans un lycée de Parkland (Floride), plusieurs voix se sont élevées à l’intention du président Trump parmi lesquelles Emma Gonzalez, une survivante de la fusillade et Lori Alhadeff, la mère d’une fille morte de 14 ans.

Mercredi 14 février, Nikolas Cruz, un jeune homme de 19 ans, pénètre dans le lycée Stoneman Douglas à Parkland, dont il avait été renvoyé, et tue 17 personnes -élèves et enseignants- à l’aide d’une arme semi-automatique appareillée d’un bump stock (dispositif qui permet d’accélérer la cadence des tirs) qu’il avait acheté tout-à-fait légalement en 2017.

Suite à ce massacre, qui est le 18ème depuis le début de l’année (ce qui fait 1 fusillade tous les 2 jours), Donald Trump doit faire face à un pays scindé en 2 : les américains partisans des armes à feu et les familles endeuillées qui s’indignent de l’inaction de l’État. « S’il vous plaît, faites quelque chose, agissez, nous en avons besoin maintenant. Ces jeunes ont besoin d’être en sécurité maintenant » a imploré Lori Alhadeff dont la fille Alyssa de 14 ans vient de perdre la vie dans la fusillade de Parkland. « Je viens de voir ma fille, au corps froid comme la glace. Elle a reçu des tirs dans les coeur, dans la tête, dans la main. Morte ! Froide ! » Son discours retransmis en direct sur la CNN, a ému les téléspectateurs américains, comme celui tenu par Emma Gonzalez, qui dénonce les liens trop étroits entre le Président et la NRA (National Rifle Association). 

E.Gonzalez

Le président septuagénaire est effectivement pris entre deux feux. D’un côté, il promet des mesures fortes en réponse à cette énième tuerie, mais il est profondément attaché au lobby des armes, comme le souligne la lycéenne de Parkland. En effet, il a tenu à assurer suite au discours véhément d’Emma Gonzalez son soutien à la NRA : « Vous avez un vrai ami à la Maison Blanche. […] Vous m’avez soutenu, je vais vous soutenir ». Ce qui explique l’indignation des familles de victimes, comme Andrew Pollack, qui a perdu sa fille de 18 ans dans la tuerie. « Combien d’écoles ? Combien d’enfant doivent-ils tomber sous les balles ? » Combien de parents éplorés doivent-ils prendre la télévision à témoin de leur immense détresse, comme le fait Lori Alhadeff sur CNN ? Combien d’enfants doivent-ils payer de leur vie en allant s’instruire à l’école ? Combien de pères, de mères, d’amis doivent-ils fondre en larmes lors de la prononciation de leurs discours ? Mais surtout, combien de réponses a donné le Président suite à ces prises de paroles ?

Vigil for victims of school shooting in Parkland

Une. Seulement une, dans laquelle il annonce sa volonté d’armer 20% du corps enseignant. Voilà sa riposte.

Donald Trump, pro-arme, reste-t-il crédible ? Celui qui reçoit un joli pactole de la NRA, peut-il prendre une mesure comme celle-ci ? Une mesure qui, désarmante, est au fond bien digne de lui.  Un enseignant pourra désormais se soulager de tuer un ancien élève qui lui cassait autrefois un peu trop les pieds. Elle a bon dos, la légitime défense. Mais parents sceptiques, soyez rassurés ! Seulement les enseignants bons au tir pourront porter une arme sur eux, histoire de ne pas louper leur cible au moment critique. 

Contre ces massacres en nombre, nous n’avons donc, comme le dit l’honorable Président Trump, plus qu’une seule solution : s’armer jusqu’aux dents et riposter par les armes. En plus, c’est le moment : une société fait des rabais de 10% sur les bump stocks

TRUMP

Marina BONY

On en parle du glyphosate ?

Depuis quelques semaines, un sujet secoue l’Europe : le glyphosate. On en a fait les grands titres mais qu’est-ce que c’est ?

Le glyphosate est un herbicide utilisé depuis 1974 exclusivement par l’entreprise américaine Monsanto. Le Roundup est le produit le plus vendu de la firme. Dans les années 1990 le Roundup était le produit le plus utilisé par les agriculteurs ; c’est ce qui a mené à une « mutation » et une résistance nouvelle des plantes à l’herbicide.

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Charlie Hebdo de nouveau visé par des menaces de morts

«  L’horreur est humaine »

Ce sont les mots de Coluche mort il y a déjà en 31 ans. Ce clown de la vie, tantôt touchant, tantôt mordant s’était présenté à l’élection présidentielle de 1981. Et le principal journal à le soutenir était Charlie Hebdo. Ce journal satirique aux couvertures souvent provocatrices, anti-religions dépeint depuis les années 70 la société française et ses dérives.

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